4h45 : J’ouvre les yeux ! Objectif ne pas réveiller les filles ! Le Canada oui, mais la course de Maman, bof...
« RDV vers 5h30 et fermeture des routes à partir de 6h00 » ont-ils dit, il ne faut donc pas tarder.
Le jour se lève. Comme annoncé, il fait très frais, 6°C à peine.. La brume surplombe le lac, c’est magnifique !
Dès l’ouverture du parc, un flux ininterrompu d’athlètes défile. Les visages sont tendus. On remplit les bidons, on gonfle les pneumatiques, et on vérifie une dernière fois les sacs. Contrairement aux amateurs, les pros rentrent leur vélo au petit matin. Je veux le même équipement quand je serai grande ! On croise Evanne et Vincent, ils sont bien là… mais pas le temps de traîner, il fait trop froid et le parc va fermer. La voiture de location toutes options est une grande invention et la chaleur des sièges chauffants, devient le petit bonheur du moment !!
7h50 : j’ouvre les yeux, (oui encore une fois, mais cette fois c’est la bonne !! ) Dans quelques minutes, le départ des pros va être donné, les vagues vont s’enchainer, la mienne (la 13 !) c’est dans 1h ! Un bruit terrible déchire le ciel, un avion de chasse … puis un second … sympa pour le départ ! Je me décide enfin à affronter le froid polaire du grand Nord Américain (évidemment que j’exagère !! ;-) ) et pars m’échauffer. Comme depuis quelques temps, les sensations à pied ne sont pas bonnes, je sais que le semi ne sera pas une partie de plaisir, mais je sais aussi qu’en compétition tout est différent ! Je reviens en suée. Comme au Luxembourg, Mick semble le plus stressé ! C’est bon, je gère…
8h40 : La combin est enfilée, j’ai rejoint la plage, que de monde… je repère ma vague, celle des beaux bonnets bleus (n’est-ce pas Estelle-Marie ?!), un rapide tour dans l’eau, des encouragements aux copines et me voilà prête à prendre le départ de cette course. Nous sommes plus d’une centaine, mais la plage est large. Contrairement à d’habitude, tout va bien. Le palpitant s’énerve un peu, je ne vais pas vous mentir, mais pas trop…
8h52 : Quelle ponctualité ! Le départ est donné. Je n’ai rien entendu, mais à voir les filles courir, je comprends qu’il faut y aller ! Quelle drôle d’impression cette natation ! J’ai beau nagé et nagé fort (enfin tout est relatif...) je ne parviens pas à me détacher du groupe. Oh, oh… il va falloir jouer des coudes tout le long ?! Je choisis l’option de m’écarter légèrement et pose rapidement ma nage. Tiens... des pieds, cool… hé mais le bonnet est orange… ! C’est la vague précédente ! Je la remonte progressivement, et je me rassure en me disant que je ne dois pas trop mal nager. Contrairement aux séances de nat des jours précédents, où, à trois au milieu de rien, faute de voir clair j’avais réussi à monter sur mes camarades (pauvre Agathe ;-), j’aperçois la plage ! On m’annonce en moins de 30’, ah chouette ! Oui bon, … le temps natation ne fait pas tout, et la performance en transition est une autre histoire !
Alors que je m’élance déjà pour rejoindre le chapiteau, je comprends soudain que tous ces bénévoles en jaune à la sortie de l’eau vont me faire gagner un temps précieux. Hop, hop, une jambe, deux jambes, le tour est joué. Pourquoi dérouler un aussi grand tapis rouge ?! Pfff… X’cuse me, x’cuse me… je cours comme je peux… mon sac est là. Une chaise vite, une chaise ! J’ai beau avoir eu l’impression d’enchainer toutes les actions qui suivent avec toute la vitesse que j’ai pu, il se trouvera après qu’après avoir gagné un temps précieux, j’ai perdu un temps certain !!!
Mais je ne le sais pas encore, et je ne pense qu’à une chose, avancer et pédaler ! Me voilà partie pour 90km. Le soleil s’est levé. L’air est encore frais, mais le vent est faible et la température va rapidement s’élever.
Va s’en suivre une course en solitaire où je verrai défiler des paquets entiers d’athlètes (ah tiens ceux-là ne pratiquent pas le même sport ?!!) … ça râle, ça injure, ça suit… chacun(e) y va de sa propre réaction. C’est vrai, c’est écœurant... !
Le podium ne se joue pourtant pas pour moi, alors je continue et je fais ma course en appréciant la qualité de l’organisation, la qualité des routes, le nombre de dépanneurs, la présence de la foule aussi motivée que nous, la musique à chaque ravitaillement… La Compagnie Créole et sa machine à zouker arrive même à me rebooster.
J’ai le vent dans le dos, c’est vraiment grisant. Mon compteur s’envole, un peu trop même… Je sens le coup de bambou arriver. Et si j’y allais un peu trop fort ?! Je surveille la puissance ( il serait temps !!) en effet, Mél lève le pied ! Il me faut limiter la casse, surtout que la dernière partie n'est pas forcément évidente. Ca va aller, j’ai de bonnes sensations. Tout va bien, enfin…je me rassure comme je peux ! J’aurais fait une course pleine au moins. Pas de regrets, c'est le mot d'ordre ! Les bosses, ah les bosses arrivent… ! Je repense à tous les conseils précieux des uns des autres et tous ces entrainements dans la Montagne de Reims. Ca passe nickel ! Super ! Me voilà arrivée, je confie mon vélo à un bénévole (toujours aussi souriant !) et file enfiler les baskets.
Il n’y a pourtant pas grand-chose dans ce sac… mais alors qu’est-ce que je fabrique ?!! Bref, me voilà partie à pied, bien déterminée à terminer cette course en beauté. 300D+ m’a-t-on dit ?! Allez cours, tu réfléchiras plus tard. Je suis cette fameuse ligne bleue ( à droite en vélo, à gauche à pied !), il y a un monde fou !!! il y a aussi un ravitaillement et à nouveau un nombre incalculable de bénévoles quasi tous les kilomètres à tel point que le début de course passe assez rapidement.
Je ressens d’un coup la chaleur, hummm pas bon !! Je suis pourtant sur un bon rythme. Rien n’est plat sur ce parcours. Et là devant moi, se dresse le mur de la rue piétonne, avec ses marches. La foule s’est amassée. Nos prénoms sur les dossards permettent aux gens de nous acclamer. C’est top ! Un athlète handisport est là devant moi, à grimper cette côte : 22% ai-je entendu ?! ça me semble beaucoup mais c’est vrai que c’est raide !! Je grimace ... Le pauvre, s’il craque il va tout dévaler dans l’autre sens, ça semble tellement dur pour lui cette montée pavée… Je me ressaisis en lui souhaitant force et courage et je repars pour mon deuxième tour, largement émoussée cette fois !
Mick est là, mais ne trouvera pas les mots justes pour me rebooster (bien au contraire devrais-je dire ?! ;-) ) bref… je souffre en côte et récupère dans les descentes, mais la tête n’y est plus , les jambes non plus. Les encouragements de Mélissa sont un rayon de soleil mais bien trop éphémère ! J'en perds ma lucidité et ce sont quelques secondes de plus au kilo à chaque bip de la montre. Heureusement la fin est proche et je limite la casse. Le mollet tient mais chaque impact en descente devient douloureux.
C’est la fin, dernière bosse, dernière descente, j’entre-aperçois Vincent en vacances dans le coin qui a fait le déplacement, mais oui il est là :-) !! l’arche est là aussi, c’est fini !!!! oui …… !!!!! Mais quelle ambiance… quel plaisir… quelle belle expérience !
Je retrouve Agathe, déjà bien arrivée, et partage le seul bout de pastèque qu’on arrive à trouver et à avaler, car rien d’autre ne peut passer !
Puis je retrouve Micka et les autres. Débrief à chaud, débrief à froid... chacun y va de son avis. Il y a du monde partout ! Un peu de poutine pour fêter ça ?!!! Euh non sans façon... ;-)
4h57min36s - 20ème de mon groupe d'âge. A quand le prochain ?!! |