37° vendredi et grosse chaleur tout le week-end m'annonce-t-on ici et là... Rien de bien grave me dis-je en moi-même ! J'aime la chaleur... et puis j'ai survécu à la fulgurante gastro des filles cette semaine, je survivrai bien à cette première grosse vague de chaleur !
Oui ! Enfin ça, c'était avant que je ne comprenne que la climatisation de la voiture nous ait lâchés et soit donc complètement inefficace !! J'en souris 5min en repensant au système D dans notre bonne vieille Clio, il y a 10 ans, quand Manon devenait rouge écarlate, sauf que là... c'est moi qui vire à l'écarlate ! Et que finalement je ne souris plus du tout !
Au secours... le palpitant n'apprécie guère le trajet, et encore moins cette petite séance de déblocage, légèrement écourtée, mais que j'aurais mieux fait d'éviter pour rester un peu au frais !
La route se passe pourtant sans encombre, et la découverte du logement nous réserve une bien belle surprise.
Perdus dans une zone industrielle, et vraiment sceptiques à l'approche de ce garage automobile, nous sommes accueillis à bras ouverts par une charmante Allemande, enfin je suppose, qui ne parle finalement ni Anglais, ni Français, ni Allemand (à vrai dire moi non plus depuis bien trop longtemps...) mais plutôt Russe ?!! Nous nous mettons daccord avec Mick, russe...
Coup de téléphone ! Charles aura du retard... Nous partons en reconnaissance à Bad Schönborn, lieu de l'arrivée, pour récupérer le dossard et prendre les premières marques... Le village commence à peine à s'éveiller, le site est calme, il n'y a pas foule. La reco du parcours à pied tombe à l'eau car seule avec mon sens de l'orientation et mon plan à trop grande échelle, je ne peux le deviner. Tant pis... ce sera la suprise !
Le temps passe, il fait toujours très chaud... nous retrouvons Charles... puis un peu plus tard en soirée, nos triathlètes préférés pour dévorer une sacrée BIG pizza qu'il faudra payer "CASH" svp...
Le lendemain, le rdv est donné à 10h30 : Ben nous fait découvrir les premières bosses, ...hummm un avant-goût de dimanche, ... dans un sens, puis dans l'autre ! Non, non les Allemands n'ont pas de parti pris, ..; il y en a que pour "Sébi" ici :-) !!!
Pas le temps de trainer, n'est-ce pas Charles ;-) le site de natation ferme dans 45 minutes,...je veux goûter l'eau avant la course, j'ai besoin de me rassurer en eau vive !
Le GPS est vraiment une belle invention ... Coup de chance ou pas, nous trouvons rapidement une place de parking et nous voilà tout heureux sur la plage à observer la bouée là-bas au loin... (qu'est-ce qu'elle est loin !!) et à enfiler notre combi avec la voix de Florian qui résonne : "Attention à ne pas tirer n'importe comment". Je fais la fière, j'ai retrouvé au fin fond de mon armoire, des gants blancs, ces fameux qu'ils donnent à l'achat pour éviter de percer le néoprène avec les ongles... J'en profite, je m'en sers... Quelle galère tout de même ! Charles est déjà dans l'eau... Hé !! Attends moi ! Je dévale la plage de sable en courant et m'apprête à m'élancer quand une tâche blanche au bout des doigts me rappelle que j'ai oublié un (ou plutôt deux) légers détails !
Oups.. les gants... ! je remonte penaude, sous les regards amusés des sportifs présents ... Oh ça va hein :-) !! La deuxième tentative sera la bonne ! L'eau est claire, propre (enfin elle a l'air), et surtout à température idéale !
Bon... la baignade c'est bien mais ce n'est pas tout cela : le dépôt du vélo c'est pour aujourd'hui ! Nous rentrons vite déjeuner...
Il fait encore super chaud..; et de plus en plus lourd, ... la météo locale annonce de violents orages avec des vents destructeurs pour 16h, ah oui ?!!! Et demain ?!!! Baisse significative des T°! Ouf, cette chaleur, ça devient épuisant !
Le vélo est posé assez rapidement, le casque ?! Ah : parlons-en du casque... Pas un ne nous donne la même version ! Le stress monte petit à petit et le briefing ne m'apprendra rien de plus que le Road Book. Quant aux orages, ils ne viendront jamais !!!!
Il fait trop chaud pour que je m'endorme rapidement.
Debout 6h00, déjà 18°... pfiou... gâteau sport avalé, il nous faut libérer l'appart, et se rendre sur les lieux du départ. Les maux de ventre... (oh non pas eux !!!) viennent jouer les troubles fête. Je m'en accomode comme je peux, ça passe...
Petit échauffement sur le bord de la route, je contiens l'anxiété... Encore beaucoup d'athlètes coincés dans les bouchons, tous les visages sont tendus, je les comprends ! Je répète les transitions dans ma tête : sur ce coup-là faut pas se louper... ! "Tu ne vas pas t'échauffer Mél ?!" Ah tiens Micka... "Non mais c'est bon !"... "Et tu ne vas pas te mouiller ?!" "Si, si je vais y aller..." Il a raison ! Vu tout ce monde, je ferais bien de passer à la vitesse supérieure si je ne veux pas rater le départ, enfin mon départ !
Il se fait par vague à quelques mètres du bord, après le tir de canon ! Quelle détonation ! Ils ne font pas semblant ces Allemands ! Attentive, je regarde où se placent les pros... Ah :-( ! ce n'est pas la position que j'ai choisie, trop tard, je ne change pas ! Estelle-marie, Mélissa ?! Je les cherche en poll position, mais je ne les vois pas... Tant pis, je ne bouge pas ! J'ai encore peu d'expérience, mais mes meilleurs chronos sont ceux où j'ai réussi à poser ma nage de suite sans me soucier des concurrentes et du monde extérieur !
"Pan"... oh ?! c'est parti ! Autant dire que c'est bien large, pas de bagarre ! J'avance seule jusqu'à la première bouée, concentration maximale pour filer droit. Tjs un oeil sur la file indienne de nageuses à ma gauche, qui semble ne pas trop prendre le large... rassurant ! Je vire à droite, et vise la seconde bouée, toujours seule, mais beaucoup moins concentrée, ce qui me vaudra quelques Zigs et quelques Zags ! Mais bon sang Mél, fais attention 5 minutes !! Je me ressaisis et atteints ma cible peu rassurée de constater qu'au retour le soleil pourra nous gêner ! Je choisis alors l'option des pieds, bien calée derrière ces filles qui me ramènent sur la plage proprement et sans détour !
A toi de jouer Mél... allez pense à tout, et ne perds pas de temps ! Go ! C'est parti, me voilà montée sur le vélo... je n'ai aucune idée de ma position, peu importe, je me sens bien. Je n'ai plus qu'à suivre mon plan de route, dicté par le coach... ni trop, ni pas assez ... "Tu verras ça devrait te plaire", m'avait dit Estelle-Marie. La Montagne de Reims étant devenu mon terrain de jeu préféré, je ne suis pas dépaysée ! Les bosses s'enchainent, puis... Oh non pas ça !! Pensée bienveillante à Fréd qui me fait toujours passer par des routes improbables sans avoir le moyen de me dérober là... passage pavé obligé ! Pas de gros %, un seul raidillon dans un village après un virage sec, mais pas très long nous avait briefés Schenky (comme on dit ici) : En effet, le voilà ! En effet, c'est raide ! Cette foule qui hurle de chaque côté et qui s'est amassée pour nous voir passer, me donne la chair de poule, j'en frissonne ! Sympathiques ces Allemands !! Sympathique aussi ce bénévole qui accourt et qui ramasse mon matériel de réparation tombé alors que j'hésite au moins 10" avant de m'arrêter en bas de la bosse. Je vois passer tous les concurrents que je viens de doubler, il me relance, c'est reparti ! Je double des féminines, mais jamais de ma caté, en revanche je me fais doubler... par ma caté ! Une fois, deux fois, trois fois....c'est pas possible ! Quatre fois ! Cinq fois, ah non tiens, pas celle-là...oh elle me parle..; eh mais c'est Evanne ! La fin du vélo sera comme le début, bosselée mais sans encombre. Je pose donc le vélo, contente de mon effort que j'estime à ce moment avoir bien géré ! Confiante aussi, car il fait toujours de plus en plus chaud, mais je pense bien supporter la chaleur. Ce semi ne me fait pas peur. Oui, bon... ça durera au moins 10 minutes avant que patatra tout ne s'écroule...! Pour une raison que j'ignore encore, la tête me lâche, et les jambes aussi. J'ai soudain chaud, puis à nouveau la chair de poule... humm pas top ça ! Les pensées négatives affluent à trop grand pas ! Je ne peux les canaliser. Je rattrape heureusement Evanne qui pendant 45 bonnes minutes trouve les mots pour m'éviter la plus grande bêtise que j'aurais pu faire sur cette course : bâcher !!! Chaque minute qui passe est un duel entre la grosse voix qui me supplie d'arrêter, (force est de constater que je ne prends aucun plaisir alors pourquoi continuer?!) et l'autre plus petite et plus profonde qui me supplie de continuer, de regarder à quel point c'est dur pour tout le monde et qu'il faut faire avec !! Allez, prochain passage devant Mick et le Fan Club BPC, je leur annonce que j'arrête ! Mais ils sont infernaux : ils hurlent, ils encouragent, ils reboostent... oh non, je ne peux pas leur dire ça... eux (ou plutôt elles :-)) qui aimeraient probablement être à ma place, là avec un dossard... Bon, pas forcément le moment ni le lieu de faire des essais mais tout y passe, le coca, la foulée... je suis à la recherche de sensations ! Et surtout de plaisir qui ne vient toujours pas ! Le soleil me tape sur le système et le vent sensible sur certaines portions ne me rafraîchit pas. Je me surprends à penser que je deviendrais presque bête et méchante, à repousser tous ces athlètes toujours plus nombreux à s'arrêter devant les ravitos !! J'attends la troisième boucle avec impatience,... celle où parait-il ils craquent tous :-) Soudain, il se tient là sur le bord de la route... le gars au TShirt orange, il a amené sa sono et nous offre du Rock !!! du bon Rock même !! Ah, ah, j'en connais un qui serait ravi là ! Au moment même où moi je fais du blues... Mais oui c'est ça !!! Il faut faire du Rock Mél !!! Ah, c'est reparti, je décide de finir et je finirai ! Plus question de lâcher... Je passe la ligne d'arrivée en 5h03, 6ème de ma caté, soulagée et insatisfaite à la fois, sentiment de devoir mal accompli et en manque d'adrénaline !
Je ne retiens pendant un instant que la souffrance... J'ai besoin de temps pour l'avaler... mais quelle belle leçon !! L'après-course me fait vite oublier ces quelques déboires. Je retrouve toute l'équipe et c'est bien plus sympa ! "Ne pas tirer de conclusions hâtives sur de simples perceptions Mél" me dit le coach, qui vient lui de réaliser quelque chose de grand ! Il a raison, après tout seule ma partie pédestre a été compliquée... Génial ! Des piscines d'eau fraiche !! Je n'hésite pas une seconde. Je saute...Et ces tables de massage en nombre largement suffisant où je regretterais presque d'avoir dit au masseur que j'ai une vilaine contracture !! Là, oui... aïe !! C'est bien là... !!
Je vous fais grâce de cette interminable remise des prix où, sans être une grande fan non plus, je trouve plutôt sympa de voir à quoi ressemblent les "Grands" de cette discipline.
Arrive enfin la cérémonie des Slots. Le speakeur se souviendra certainement longtemps du Team BPC, de son fan club et de ses cris de liesse ! Après les joies expressives et partagées d'Antho et de Ben pour leurs performances émérites, en route pour Kona, c'est à mon tour d'obtenir un slot pour les Mondiaux 70.3 en Autriche, et déjà l'envie de revivre une aventure aussi magique que la canadienne ! M'y rejoindront ensuite Séb et Gérald. Quelle belle moisson. Bravo !
Cette fois, il est vraiment temps de rentrer... le réveil c'est dans quelques heures à peine, car demain matin c'est lundi ! Et lundi au boulot !!
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