Suite à la mauvaise gestion de mon temps les deux années passées, élevant le niveau de stress à son maximum, j'étais bien décidée cette fois à ne pas me disperser, à rester concentrée jusqu'au bout et à m'échauffer sérieusement.
J'arrive donc deux bonnes heures avant le début de la compétition pour le retrait du dossard. Je pars aussitôt dans ma bulle, me préparer soigneusement... très soigneusement... trop soigneusement... !!
Une nouvelle fois, peut-être même la pire, j'arrive à la fermeture du parc, alors qu'on appelle déjà les filles au briefing...
Je m'en veux déjà, je peste contre moi-même et m'installe aussi vite que jamais ! Le vélo, une chaussure, deux chaussures, les élastiques, les lunettes, le casque, la serviette, les baskets... En moins de 2 minutes, tout y est ! Reste à coller mon gel sur le cadre... mais où est-il ce gel ?! Encore un appel des filles au briefing, dernière relance avant les sanctions, ...aïe, aïe, aïe, cette fois je dois y aller ... bon tant pis, après tout ce gel c'était pour le confort et la confiance, pas vraiment besoin. Je m'en passerai.. en même temps pas trop le choix ahahah.
Je file, en arborant fièrement ma toute nouvelle combi, une belle Sailfish (merci Florian !) : pas de stress pour l'enfiler, et 30" de gagnées à T1 tellement elle est facile à retirer. Ahahah, alors pour le stress, vous en conviendrez, c'est raté !
Vite, vite, je l'allonge au sol, "le poisson te regarde...", une jambe, deux jambes, super, je la remonte et ... raté !! la fermeture est devant... "Bon sang Mél, fais un effort...t'es en compét là !" Je recommence, cette fois c'est la bonne !
Allez à l'eau ! Elle est fraiche certes, 16°, mais la température extérieure, fraiche aussi, fait que tout est relatif. Petit échauffement rapide et c'est parti !
Un groupe de filles se détache aussitôt, je m'efforce de les suivre, mais ça part bien trop vite, je vais finir asphyxiée... je laisse tomber et me raccroche au second groupe, qui restera le mien jusqu'à la fin. Enfin quand je dis groupe, disons la nageuse dont je suis le tracé, plutôt droit, et moi ! Trop appliquée à la suivre, et à surveiller la trajectoire, je ne m'applique que tardivement sur ma nage. La bouée jaune en vue, je compte les filles qui sont déjà sur le retour, une, deux... mais qu'est-ce qu'elles semblent déjà loin ! Impressionnantes ces nageuses !
Comme tous les ans, c'est la première natation en eau libre, je trouve cela interminable... La sortie de l'eau est là, et la montre toujours bien attachée au poignet ouf ;-) Pas fatiguée, on m'annonce 5ème ! Ah.. j'en ai ratée une... Pas grave...
Je repense aux mots du coach : "Soigne ta transition Mél..." T'inquiète Ben je gère... ". Le speakeur m'annonce à l'arrivée dans le parc, je me presse, une transition éclaire, du jamais vu ! Je retire la combi, en même temps que je mets... ou plutôt j'essaye de mettre mon casque... impossible..., il ne veut rien savoir !!! Je m'énerve, ça coince toujours, le speakeur annonce un problème, et soudain c'est le drame... un bout du casque tombe à mes pieds, j'entends un bruit de fracas dans les oreilles, je l'ai cassé... non pas là, pas maintenant, tant pis, je veux rouler... je tire sur la jugulaire, trop courte, rien à faire ce put*$% de casque ne veut pas s'enfiler... Les idées noires déferlent, pendant que les secondes défilent... 30" de gagnées... héhé !! mais combien de perdues ?! Je me vois abandonner, bêtement, faute de pouvoir partir coiffée... Ecoeurée, dégoûtée...
C'est alors que, plus forte que toutes les autres, la voix de Manu (merci, merci, merci!!) arrive jusqu'à mes oreilles, et me sors de ma détresse : "C'est pas grave ça Mél... allez calme-toi, ressaisis-toi !" Il ne m'en faut pas plus, j'oublie un instant ce maudit truc à pointe, je finis d'enlever la combi, puis reviens à cet objet de malheur et tire aussi fort que je peux sur cette jugulaire qui finit par céder, se fermer, les lunettes, le vélo et c'est parti !!! Quelle mascarade !! Je suis survoltée... on m'annonce 4min de reatrd sur la première. 4 min ?! Outch... Bon bah c'est clair : "Mél, tu vas avoir mal aux jambes !", je ne réfléchis plus, je me couche sur les prolongateurs et j'appuie, la rage au ventre. C'est trop bête !! Le vent soufle, il fait frais, mais j'ai pris soin de m'habiller sous la combi, je ne sens plus rien, même la douleur dans les jambes, anesthésiée, ... je ne pense qu'à une chose, pédaler !
Je remonte les filles une à une, la 4ème assez rapidement, puis la 3ème... première difficulté, la côte dite "des sapins", au loin j'aperçois la seconde... la tâche floue devient de plus en plus nette, c'est du rouge, je finis par reconnaitre Virginie DAL TOSO du TOS triathlon, petit clin d'oeil sympa, c'est bon elle est derrière... mais toujours pas de première en vue... 4min, ça fait quand même... "Pédale Mél, pédale, soigne ta puissance, et ça se réglera à pied, plus le choix maintenant !" Et puis là-bas au loin, j'aperçois une moto ... un arbitre ?! Mais non ça clignote, c'est la moto ouvreuse, ... yes !! elle est là... le nez dans le vent, le vélo qui semble coincer dans les bosses ! Je retrouve un second soufle et j'y vais, surmotivée. C'est vrai que ce retour fait mal, mais je suis super bien, je fonce.. Désormais je suis en tête, attention il ne faut pas s'endormir, ça peut revenir vite à pied ... je surveille le compteur, encore quelques kilomètres. L'arrivée est toute proche, me voilà dans le parc... Mes pieds sont gelés, je ne sens plus rien... je choisis de ne pas mettre de chaussettes, ça passe ou ça casse, déjà trop perdu de temps à T1, j'enfile tant bien que mal les runnings en espérant que les pieds vont vite se réchauffer. Allez Mél, il faut gérer. Je pars sur une bonne allure, 4'10/km. Je suis sereine,...enfin pas trop longtemps puisqu'une vieille douleur tibia droit se réveille, celle-là même qui m'avait valu de rentrer en voiture lors d'une séance mémorable de trail... Ah non, pas ça... !! je sais que j'ai un peu d'avance, et surtout que ma saison commence à peine, pas envie de me blesser. Je m'arrête et prends le temps de resserrer mes lacets, ceux que j'ai essayés pour la première fois il y a une semaine... (un petit conseil, ne faites jamais comme moi :-) ) C'est reparti de plus belle, mon pied droit va mieux, mais le gauche me gêne toujours, ... pourquoi ne se réchauffe-t-il pas celui-là ?! Les kilomètres s'enchainent, les boucles et les bracelets aussi, derniers mètres, super extra, que de bonnes sensations ! Et cette foule qui m'a portée dans le Jard Anglais à chaque passage, c'est sûr à domicile, c'est toujours sympa ! Je franchis la ligne d'arrivée, aux anges ! J'ai gagné et j'ai fait une belle course !! (02:14:13/00:24:45/01:08:05/00:41:23) YES ! Les garçons ne tarderont pas... !! Arrivent mes poursuivantes, et s'ensuivent les débriefs à chaud... Je n'en peux plus de ces chaussures... le pied gauche me fait vraiment mal, je dois le réchauffer ! Oh, là, là... mais quelle surprise en enlevant ma chaussure... là, sous la voûte plantaire, à gauche, mon GEL !!!!!!! Il est là !!!! je ne suis pas folle, je ne l'avais pas oublié ... !! 10km, une fusée au pied ... avouez ! Ca ne vous est jamais arrivé ?!! Sérieusement... (deuxième petit conseil, ça non plus ne le faites jamais !! :-) )
Bref, cette course malgré les aléas, restera une belle entrée en matière, mais témoigne que TOUT ( pour le coup oui tout !!) peut arriver, le meilleur comme le pire ! Même quand on pense ne rien laisser au hasard...
Allez une petite séance de décrassage bien sympathique pour me remettre de toutes ces émotions et c'est de nouveau l'heure de se concentrer sur le prochain objectif, avec un peu plus de sérieux cette fois, c'est promis ! |